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En portant une anachronique sur vous, vous serez lu partout.

 

Le Couple - #1

Le Couple

#1

 

Oui, le sujet est mal choisi, mais il est toujours d’actualité. C’est comme la grippe (ou le Covid pour ceux qui se mettent à jour), le couple est chronique. Cela se met, cela ne se met pas, mais ça revient toujours. A la commune, on vous dira : pour le meilleur et pour le pire… C’est le contrat, parfois contradictoire.

Pour le meilleur, je ne sais pas. Peut-être le moins bon des heures à subir dans le pire. Quand sa moitié demande la totalité de son attention. Pour info, cela signifie la somme de son temps et de son argent. Là c’est gagné, l’argent qui dort ne rapporte plus aucun intérêt. Mais si elle ou il dort, cela n’a plus aucun intérêt non plus.

Pour le pire, c’est évident. Tout de suite, on met tout en commun. On s’aime comme jamais j’ai aimé. Là déjà, faut se méfier. C’est que les deux ont déjà aimé quelqu’un d’autre. Et donc préparez le slow dans votre playlist : « Fais-moi l’amour avant de nous dire adieu ».

Mais un couple ne se dit pas adieu ; il se dit bonjour et aurevoir. Comme entrer et sortir. A force de politesse et de polissoneries. De chronique le couple devient anachronique. Comme tout le monde a étudié le latin, on sait tous que le « a » devant « chronique » est privatif. Cela se traduit par « le couple est privé » ou par « le couple n’existe pas ». Etre ou ne pas être en duo ? Là est toute la question. Réponse : grattez un Astro et peut-être verrez-vous des étoiles ?

Un couple, c’est deux. Mais deux quoi ? Deux avec ou sans enfants ? Cela fait tout de suite plusieurs. Donc un couple, c’est plusieurs. Du coup l’orgie est autorisée (pas entre les enfants, on s’entend), et dès lors il n’y a plus de couples, mais seulement des couplets. Définition de couplet : petit couple en manque de maturité pour s’engager ensemble, mais connaissant le refrain par cœur : « Je t’aime, moi non plus ». Mais que fait-on du « pa » ?

On l’utilise dans le couple : PA envie, PA aujourd’hui, PA là tout de suite, PA le temps. Cela devient PA possible.

A force de n’y PA y penser, on devient PArano, PAcondriaque, PAracommandot. Bref, on vit dans une vie parallèle. Celle où les couplets ont des refrains : « On se reverra à tes prochaines règles »

Patrick©Benoit

Les Enfants - #2

Les Enfants

#2

 

Quand on est en couple, on finit toujours par faire un enfant. A force d’y penser, on en dort pas la nuit… Déjà pour en faire, souvent on dort un peu moins, mais après on ne dort plus. Car même si la mère est seule capable de lui donner le sein, le père est là pour les transferts. Du berceau au lit conjugal et pire encore, du lit conjugal au berceau. Sans compter les transferts d’argent, car la maman ne travaille plus. Là, nous les hommes, on se sent d’une utilité incroyable en revendiquant l’égalité des sexes.

Après, étant des êtres particulièrement rationnels, on se demande pourquoi le gosse a toujours besoin de manger en pleine nuit ? Les nutritionnistes peuvent-ils m’expliquer ce phénomène de jeunesse, alors qu’adulte on cherche tous à maigrir (ou à grossir pour les anorexiques).

Quand enfin l’enfant nous laisse dormir, il grandit tous les jours. A peine des vêtements portés, déjà ils sont vintage. Heureusement que cette mode du vieux revient chez les jeunes. D’ailleurs, vous avez remarqué ? Aujourd’hui les greniers sont devenus des musées et des salles de ventes. On ne cherche plus un appartement deux chambres et garage, mais un appartement deux chambres et grenier. Comme si on mettait sa voiture sous les toits…

Plus tard, à l’école obligatoire, il se sent obligé de montrer ses marques. Non non, pas celles des parents, mais celles qui se mettent en réseaux pour affirmer son identité numérique. Il surfe, clique, achète, et se croit en ligne avec ses potes, ses frères, ses sœurs et le compte de ses parents.

Là, toi parents, t’as juste envie de ressortir les photos de famille du petit qui a fait pipi dans sa culotte ou qui bave sur les fauteuils. D’ailleurs, je conseille toujours aux jeunes parents de créer une galerie photos des pires conneries de leur enfant. Mais ils ne le font pas, car leur enfant est roi et s’appelle Tanguy.

Devenu adolescent, c’est Halloween. On peut comparer ça à une vraie descente aux enfers, puisqu’on a connu le paradis lors de sa conception. On en voit de toutes les couleurs, et souvent de manière floue. Cheveux rouges, verts, oranges. Yeux embués par la fumée ou par de l’illégal ? On ne veut pas savoir, tant qu’il n’est pas en prison. C’est dingue comme on l’aime son chéri.

C’est là le problème : le chéri n’est plus le même. C’est lui, l’enfant. Le mythe d’Œudipe s’inverse. Ce n’est pas l’enfant qui fantasme sur ses parents, mais les parents qui fantasment sur leur enfant. Clairement « faire un enfant », c’est un tue-l’amour, au même titre qu’un tampon chez maman et un préservatif chez papa.

N’oubliez pas cette vérité numérique : trois couples sur quatre finissent par se séparer. A bon baiseur, salut !

Patrick©Benoit

Les Amants - #3

Les Amants

#3

 

La règle est simple et la même pour tout le monde. Pour avoir un amant ou une maîtresse, il faut que l’un des deux soit marié. Sans quoi il n’est pas interdit de se mettre en couple et là, on revient à la case départ avec le risque de rejoindre les statistiques des trois-quarts à nouveau séparés.

Or ce n’est pas le but. Que du contraire, les maîtresses sont les plus grandes consommatrices de la pillule du lendemain. C’est dire combien un bébé serait malvenu. Cela pourrait provoquer la séparation du couple marié et induire une mise en couple éventuelle, avec à nouveau la perspective d’un enfant non désiré et les risques d’une séparation. Mais cette fois sans couverture d’un contrat, qui, à la base, s’est voulu tacite et sans reconduction formelle.

Est-ce là l’objectif de Mai 68 que les historiens qualifient de « révolution sexuelle » ? Ou ce que le Marquis de Sade nommait le libertinage ? L’Histoire ne rapporte pas si la Marquise a participé au lancé de pavés pour casser les vitrines des boudoirs, maisons closes et autres sex shops.

Par contre, les psychologues, psychanalistes et conseillers conjugaux s’accordent à dire qu’il s’agit de prendre possession de son corps. Là, j’avoue ne plus rien y comprendre. Elle, dit à son amant : « Prends-moi ! ». Lui, dit à sa maîtresse : « Possède-moi ! ». Si j’interprète ces paroles en l’air, elle signifie se déposséder de son corps. Non ? A part les frigides, qui du reste ne trouveront pas d’amants sur le long terme, les ménauposées et les androposés, aucun amant ni amante ne gardent son corps pour lui ou elle, puisqu’il et elle se le partagent.

Sans contrat, sans obligation, sans contrainte… excepté la discrétion. C’est le pied, sauf qu’il faut trouver des points de rencontre. Là les calendriers couplés au GPS deviennent les meilleurs amis du couple frauduleux. Car n’oublions pas que rien n’est déclaré. Faut juste pas se faire contrôler.

Et en cas de contrôle positif ? Il suffit de se mettre en quarantaine quelques jours, le temps que la tempête s’apaise. Et le désir revient, mais toujours masqué. C’est la règle de bienséance que nous avons hérité depuis le 17ème siècle : celle de l’Honnête Homme, capable de parler en alexandrins pour rimer avec l’amour en douze pieds.

Patrick©Benoit

La Sépa - #4

La Sépa

#4

 

La séparation, c’est comme là sait pas. On continue ou on arrête ? Parfois cela se traduit par « n’arrête pas, continue ». Mais voilà, l’amour, c’est pour toujours. De là l’existence de différents calendriers, des décalages horaires. La dernière invention sur le sujet fut l’heure d’été et l’heure d’hiver. Les recoupements deviennent terriblement compliqués quand on est un lève-tôt ou un couche-tard.

J’en ai parlé à Indochine, groupuscule qui n’a pas encore compris que son territoire n’est plus une colonie française. Il m’a dit en avoir parlé à la lune qui n’a pu lui répondre, tellement elle était perturbée quand elle est pleine, puis demi, puis quart. Comme si elle devait se couper en quatre pour éclairer toutes les étoiles.

Les cas comme ça, cela ne se règle pas comme ça. En fait il n’y a pas de règle, mais seulement des lattes qu’on frappe sur les doigts. Aïe, fallait pas ! Fallait pas quoi ?

Fallait pas se marier. Fallait pas faire des enfants. Fallait pas prendre un amant ou une maîtresse. Si vous êtes fonctionnaires, n’oubliez pas que vous avez lu, approuvé et signé « Je jure fidélité au roi, à la patrie, etc. ». SIC.

Et nous revoilà enfermés dans un contrat, avec ou sans préavis.

En cas de démission, le C4 n’est pas négociable. Allez directement à la banque, sans passer par la case prison, pour négocier le maintien de l’ouverture de votre compte, malgré qu’il ne soit plus alimenté ni par votre ex, ni par votre syndicat, ni par le CPAS.

En cas de licenciement, ne pas perdre de temps : inscrivez-vous à la première formation offerte par le Forem sur « Comment négocier ? ».

En cas de chance tombée de l’étoile à qui la lune n’a pas voulu répondre, vous sauverez un toit de la tempête et quelques biens de l’inondation. Pour info, les bâches sont en promo au Brico, et les torchons à l’Aldi (à comparer avec Lidl). PS : Colruyt ne vend pas des bâches de toit, mais uniquement des parasols.

Patrick©Benoit

La Toit - #5

Le Toit

#5

 

C’est pas moi, c’est toi. Non c’est toi, c’est pas moi. On connaît tous cette réplique : « Toi toi, mon toit ». Qui connaît : « Moi, c’est ton toit, et toi toi c’est mon moi ». Personne ? C’est normal car toi, le mec, tu as beau être sur elle quand elle le veut, tu ne couvriras jamais assez ses désirs et ses fuites. Il y aura toujours une descente d’eau bouchée à droite côté nord, le long des toilettes.

Après, si le toit a été partagé dans un logement partagé, tu peux toujours négocier tuile par tuile. Ça se mesure et cela tient compte du double ou simple emboîtement (je parle des tuiles). Après, faut tenir compte des tuiles de rive : rive gauche ou rive droite ? A Paris, cela change la donne. Pas la donne mais les prix. Comme quoi la Senne a toujours marqué une limite entre la droite et la gauche. A gauche caviar, à droite, y en a marre.

Reprenons l’habitat partagé, héritage des hippies. Le toit s’envole pour des raisons climatiques dénoncés par eux et sans assurance pour des raisons anticapitalistes. Jusqu’ici, tout va bien car tout le monde partage la douleur et se prête à faire des dons pour les habitants du dessus. Mais voilà que la pluie descend (je veux dire déferle). Les habitants d’en haut, n‘étant pas remis des vents, ne prennent pas en charge les caves d’en bas. Normal, pas de dégâts chez eux. Du coup, les habitants d’en bas compte sur l’humidité ascensionnelle pour régler leur facture d’eau.

C’est dingue comme quoi un toit partagé peut faire des ravages. La belle d’en haut en passant par en bas, rencontre le beau d’en haut passant par là. Coup de foudre entre elle étant mariée, et lui étant en couple. Quelques tuiles partagées sur les réseaux, voilà qu’ils se donnent rendez-vous sous la véranda partagée pour une partie de ping-pong, dont la table a été financée par le groupe.

Dilemme : gagner ou perdre ? Les derniers sont toujours les premiers, disent les contes. Dans ce cas, mieux vaut être égalité. On se comprend. Je gagne, tu perds. Tu perds, je gagne. C’est win-win. Rendez-vous, rendez-vous, et on chante Stromae : à tes prochaines règles.

Car tout est une règle de trois. Toi + moi + quelqu’un d’autre, que toi et moi avons oublié, comme on oublie sa liste de courses, car elle n’est pas sur sa playlist pour la prochaine Saint-Nicolas. Heureusement que les Trois Petits Cochons n’eurent pas à souffler sur un toit en chocolat, car la maison aurait été mangée, sans déclaration d’incendie.

Patrick©Benoit

Les Briques - #6

Les Briques

#6

 

Quand le toit s’envole, l’ardoise est sèche. Ou vachement salée si tu habites en bord de mer. La marée montante, tu cries après le maître-nageur pour sauver tes briques. Mais tu ne sais pas encore que le sauveteur deviendra l’amant d’elle, celle que tu croyais t’être fidèle. C’est vrai, l’homme est bâti mieux que toi et breveté de la marine marchande. Et si elle te dira que c’est un coup dans l’eau en guise de remerciement, il n’y a pas lieu de croire au marchandage.

Voilà ce que c’est d’avoir une brique dans le ventre. Tu es lourd et tu ne flottes pas. De plus en plus lourd, et tellement lourd que tu as construit un mur entre elle et toi. Mais sans toit, les murs s’effondrent et creusent une tranchée. Et quand il pleut des cordes, la tranchée s’effrite et se noie. Tes murs deviennent de la brique pilée : rouge et collante.

Tu marches dans la boue, et on dirait que cela te gêne. Pourtant ma grand-mère me disait toujours qu’un bain de boue est excellent pour la peau et pour sa santé. Chaque année elle faisait un pèlerinage dans la cité thermale de Dax, après avoir fait un rapide crochet par Lourdes pour se purifier. Ça marche ? Pas sûr, puisqu’elle a fini par mourir. Toutefois elle a retrouvé son bain de boue quand on l’a enterrée. Dieu, pourvu qu’elle ne m’entende pas…

Maintenant que tes briques tombent dans ton estomac, faudra les digérer. Tu en feras des apéricubes que tu superposeras comme un château de cartes. Tu ne manqueras pas de faire copain avec Eole, le dieu du vent, et tu adopteras un cochon de lait pour garder ta maison de l’éventuelle invasion du loup-garou.

Et le village s’endort, mais les villageois se réveillent. La sorcière a jeté un sort dans les égouts. L’odeur n’est plus au barbecue. Des hurlements angoissants soufflent les bougies. Aux armes et cetera. Aucune tempête ne pourra ébranler tes fondations.

La magie fonctionne. Tu as de l’eau dans les caves et pas d’infiltration par le toit. Tu ne t’es pas trompé, mais elle oui, mais pas beaucoup. Juste pour dire qu’elle sait faire et refaire, car une femme sait faire plusieurs choses à la fois. Reste à reconstruire : c’est la base !

Patrick©Benoit

Les Fondations - #7

Les Fondations

#7

 

Construire une vie, tout le monde y croit. Sauf toi, car toute ta vie, tu as essuyé des revers et des coups droits. Et si par malchance, cela vient de la gauche, tu te percutes contre un mur fragile, et tout s’écroule.

C’est là que tu te dis, faut que je me pose. C’est la base : pour construire, il faut faire des plans. Et dans ta tête, tu en a déjà faits. Des tas, mais tous souvent foireux. Cette fois c’est du sérieux. Tu lances dans du solide !

Tu commences par établir un plan financier. C’est ce que tu as appris pour que cela tienne la route. Après on te dit que tu dois réfléchir à un plan d’investissement pour soutenir tes finances. Ensuite tu constates qu’investir est négatif pour tes économies. Enfin tu comprends que l’argent n’a pas de valeur.

Jusqu’ici, ce que tu pensais reconstruire, continue à se déconstruire. Ton coach te dira d’éviter la case « déprime », car le seul qui a de valeur, c’est toi ! Si l’argent est volatile, toi tu est mortel.

Après avoir payer ta séance sans intérêt, tu pends tes jambes à ton cou et tu remontes tes manches. Du coup, tu veux marquer le coup. Si l’argent ne fait pas le bonheur, tu te rabats sur tes amis pour appeler à l’aide. Et là, patatras, les tracas commencent. Car tu te rends compte que des amis, tu en as beaucoup, mais qu’ils ne sont pas vraiment tes amis. Beaucoup sont virtuels, et dès qu’ils passent en mode réel, ils n’existent plus. Tu actives ton smartphone, mais comme par hasard, il n’y a plus de réseau. En fait il n’y a jamais vraiment eu de connexions, que des appels occupés ou refusés.

Te voilà seul avec tes bras sans manche et tes jambes autour du cou. Mais tu n’es pas le genre à laisser tomber, alors que tout s’écroule autour de toi. Tu rebondis comme un ballon de rugby, dans tous les sens, pour retourner ciel et terre et te sortir des tranchées vaseuses.

La solution, ce sont les fondations. Avec ou sans pelle, tu creuseras ton trou sur cette terre pour t’ériger vers le ciel qui te tend ses bras. Enfin tu vois une ouverture !

Patrick©Benoit

L'Ouverture - #8

L’Ouverture

#8

 

Enfin tu trouves une brèche. Et la lumière fut. Aveuglante car tu as broyé du noir trop longtemps. Tu n’y vois pas très clair, mais tu perçois une lueur d’espoir. Côté couleurs, tu hésites entre la petite flamme bleue (gaz ou bleu de toi ?) et la grande flamme rouge (enfer ou feu de bois ?). Pourvu que ce ne soit pas un feu de Bengale…

Ce n’est jamais qu’une question de volonté, car la vie est faite de choix, entre le rouge, l’interdit en circulation mais pas en amour, et le bleu, l’autorisé et cousu de fil blanc. Encore faut-il faire attention à la ligne blanche : continue ou discontinue ?

A droite, la raison. A gauche, l’émotion. A bien y réfléchir, tu choisis le bleu. Peut-être par prudence, mais surtout parce que le bleu azur trace un horizon certain, avec des perspectives pour construire ton avenir. Cette fois, c’est décidé, tu fonces.

Vers l’horizon qui recule sans cesse. Tu as des projets ; tu rencontres des obstacles. Mais quand bien même, tu les sautes et tu fais des rencontres. Des liens se tissent, et de fil en aiguille, tu as la foi en ta réussite. La force est avec toi !

Tu tombes sur elle, et elle tombe enceinte. Tous tes plans sont chamboulés. Horaires de nuit, et quelques heures de jour pour avancer vers le but que tu t’es fixé là-bas, sur la ligne du temps. Même si tu n’abandonnes pas, tu avances plus lentement. Même très lentement, car tu n’arrives plus à rattraper ton retard. Il s’accumule et tu es tenté de baisser les bras comme un âne qui fait la mûle en refusant d’avancer.

Enfin une révélation. La société te sourit, car elle diffuse une nouvelle tendance : la Slow Life. Tu auras vite fait d’y adhérer, car cela t’arrange de n’avancer que par petits pas, avec le risque de t’installer dans un confort « bobo », bourgeois-bohème. Même si cela te convient, tu as perdu la gnac pour révolutionner ton monde. Tu ressembles à une limace qui se prélasse et s’enlace dans la jouvence d’un monde sans soucis, parsemé de pâquerettes et de coquelicots volatiles. Tu partages tes œufs et tes légumes, et tu caresses les animaux qui t’entourent. C’est beau la vie qui coule comme un long fleuve tranquille.

Mais quand la rivière sort de son lit, tu transpires car l’objectif de ton focus devient un trou noir où tu cherches les étoiles.

Patrick©Benoit

Le Trou - #9

Le Trou

#9

 

Un trou c’est top. Et quand c’est top, c’est que tu es au-dessus. Quand tu y regardes de plus près, dans ton trou, tu es au sommet de la profondeur. Et quand tu regardes d’en bas, tu vois plus haut que si tu étais en haut. Prenons quelques exemples…

Tu regardes par le trou de la serrure, et tu découvres les mystères d’une pièce et décèles les secrets d’une atmosphère que tu penses impénétrable.

Tu creuses un trou dans le jardin, et tu offres la lumière à un monde souterrain dont tu ignorais la mobilité lente et grouillante.

Tu fais un trou dans ta chaussette et tu en fais une marionnette qui se joue de toi, comme un bouffon fait rire le roi.

Tu manges le trou d’un gruyère ; tu avales de l’air, et tu fais un rot de satisfaction pour avoir bien manger.

Quand tu fores un trou dans le mur, tu perces l’équilibre des bric-à brac, faits de bric et de broc.

Quand tu visites le trou du cul, tu découvres que le noir est couleur, somme de toutes les autres qui te font jouir.

Quand, dans ton sommeil profond, tu tombes dans un trou vide, tu te réveilles en sueur pour commencer ta journée de labeur.

En fait, faire l’éloge du trou, c’est avoir les yeux en face des trous ? Car un trou, quel qu’il soit, tu finis toujours par le combler pour t’en sortir.

Par contre si tu as pris de ton temps pour lire cet éloge, tu dois être un sacré trou de balle !

Patrick©Benoit

La Balle - #10

La Balle

#10

 

On t’a lancé la pierre et tu as attrapé la balle au bond. Très fort, car en décrochant la floche aux autos-tamponneuses, tu obtiens un tour gratuit au carrousel. Finalement tu tournes en rond pour sortir de ton trou.

« Va chercher la baballe », te crie-t-on avec un sourire jusqu’aux oreilles. Et tu vas la chercher, car la vie te traite comme un chien. Tu es bien éduqué, docile et fidèle à ton maître ou à ta maîtresse.

Mais qui sont-ils pour te faire courir comme ça, à te faire courir derrière une balle que tu dois toujours rapporter. Une fois, c’est bon, mais à répétition, c’est presque de l’esclavage. C’est seulement quand ils te voient fatigués, qu’ils arrêtent ce jeu de va et viens qui te fait baver. Du coup tu es cou-couche panier à leurs pieds qui se croisent, se mêlent. Comme tes camarades du parc où ils te tiennent en laisse, tu les observes se renifler, puis se lécher. Finalement ils te ressemblent, et c’est pour ça que tu les aimes bien.

C’est vrai qu’ils te donnent à manger, mais souvent ce sont les restes de leur repas. Et là, si seulement tu pouvais faire la liste des courses… Mais non, quand ils partent faire des achats, tu dois faire la garde comme un petit soldat pour les accueillir comme des princes à leur retour. Et quand ils te donnent un os comme récompense, il n’y a rien dessus.

En fait, ils te traitent comme un chien : assis, debout, couché. Va chercher… quoi ? Et encore quoi ? Quand tu n’es plus un chien, tu es leur boy. Et quand tu n’est plus leur boy, tu redeviens leur chien qui leur doit de l’affection, car ils sont toujours en manque de caresses. Mais quand tu leur fais une grosse lèche ou que tu lèves la patte, ils font les dégoûtés.

Quand tu comprends que tu mènes une vie de chien, tu es chien avec les autres. Rien que pour toi, et tanpis pour eux !

Patrick©Benoit

Le Chien - #11

Le Chien

#11

 

Je suis chien et je valide ma condition. Mais il y a des limites. Faut pas m’imposer une chatte. M’adapter à une féline ne me convient pas, même si sa chaleur n’est pas négligeable en temps d’érection. Mais je maîtrise pour ne pas qu’elle se fasse des illusions. Moi, chien, je reste maître chez moi.

Toutou mon toi, toi mon toutou, tout toi mon tout, toutou toi, et c’est tout. Fin de la chanson et de ses refrains sans fin qui n’ont ni queue ni tête. Sauf peut-être un trou.

Je reste de garde, en garde, au taquet, parce que tu es avec elle qui te colle comme une chienne aux aguets. Là derrière, il y a sans doute quelques légumes à sucer et autre fruit à déguster. Mais non ! Ce n’est que le coq sur son fumier qui n’a de regard que sur les œufs qu’il a engrossés. Déception pour moi, le chien, président-directeur-général de la bassecour. J’ai failli à ma mission.

Mais je garde la tchatche en aboyant à tout vent. Cela me donne de la garde et de la prestance. Je suis, j’y reste.

En gros, tu n’as rien compris. Car tu y es, mais tu veux partir. C’est compliqué car tu gardes la reconnaissance octroyée par défaut. Or tu prétends ne pas avoir de défaut. Et là, tu cours derrière la baballe que tu ramènes dans le trou.

Te revoilà soumis aux ordres de tes maîtres. Par instinct, tu choisis la maîtresse qui te caresse comme par affection, mais surtout par subordination. Le maître, c’est toi. C’est toi qui décides quand tu dois faire pipi ou que tu dois manger. Ta maîtresse est à tes pieds.

J’ai pas de pieds, j’ai des pates. Et effectivement, les griffes s’en mêlent avec les spaghettis que la chatte aux longs poils a laissé trainer dans ton bol à croquettes que le hérisson te gratte dès qu’il fait noir.

A chacun son territoire.

Patrick©Benoit

Le Chat - #12

Le Chat

#12

 

Miaou, miaou, je suis celui que tout le monde caresse, car je suis doux comme les poils que je laisse dans votre literie qui vous berce. Quand vous dormez, je chasse ; et quand vous chassez, je dors. On m’appelle le cat, alors que je n’ai aucun ka à faire valoir.

Prenons le chat dormant, il dort. Et toi, que fais-tu ? Tu ronronnes avec ta main baladeuse sur le chat qui dort. Pourquoi veux-tu le réveiller ? Parce que c’est une chatte que tu voudrais apprivoiser… Or un chat, par nature, est indépendant.

Une fois su, tu te brosses pour séduire les souris. Et tu brosses ton chat pour limiter la dispersion de ses poils sur la moquette que tu viens de fumer pour tuer les puces. Chat chat mon chat, c’est juste le slogan d’une barre de chocolat et céréales. Ou alors le savon lessive pour les bébés dont on dit qu’il faut garder la peau toute douce tant qu’ils sont bébés.

Chaton laveur, voilà ta nouvelle fonction. Tu lèches les vitres et les bols mis au sol, et tu griffes toutes les hauteurs à ta disposition pour éradiquer vers, pucerons et autres bestioles qui te rendent folle.

En visite chez les chat, chatte et chaton, tu hésites sur l’adoption. Chat, chatte ou le petit ? Elle, celle que tu crois à toi, te dit les trois. Vite fait dans ta tête, la règle de trois. Mathématiquement il est peu probable que chat, chatte et chaton s’entendent plus de deux ans. Après, c’est pour toi les emmerdes. Entre-temps tu as acheté les sacs de rue que tu apporteras, une fois usagés, dans une poubelle publique arrachée, mais dont tu paieras la taxe de recyclage avant celle du triage.

Finalement, chat d’appartement, c’est pas mal. Juste bien, toujours bien au chaud, pas de souris à chasser, croquettes à volonté. Par contre l’eau est dégueulasse… potable pour qui ? Pour mes maîtres ? Ils ne boivent jamais d’eau du robinet car les joins fuitent. Mieux vaut ne pas ouvrir la vanne sans quoi, qui sait, retour aux inondations et torchons.

Par mesure de précaution, j’enfile mes bottes.

Patrick©Benoit

Le Chagrin - #13

Le Chagrin

#13

 

Tu pleures ou tu perds tes eaux ? Car un chagrin s’exprime toujours par des eaux perdues. Le long du nez, dans les égouts, sous la douche ou le long des rivières. Il s’agit toujours d’un débordement non consenti, mais tellement laxatif. Cela nettoie tout ou presque.

Prenons le chat. Il n’aime pas l’eau (sauf celui du bocal à poissons), et il se lave sans eau. C’est extraordinaire. Comment les négociateurs de la Cop 26, enfin peu importe la dizaine, ne se sont pas penchés sur cette évidente source d’économie en consommation d’eau ? Il suffirait d’imposer à chacun de se laver avec sa langue, ou avec celle de son partenaire du soir et du matin, pour diminuer le coût de l’or bleu. N’est-ce pas une solution pour sauver la planète bleue ?

Prenons le chien. Il gémit pour aller se promener (comprenez : aller faire ses besoins). Pourquoi ne pas faire pareil ? Emmène-moi chéri, j’ai besoin de faire pipi. Et là tu pleures sur ton compte en banque parce que Madame Pipi n’accepte pas les cartes de crédit.

Bref tu chagrines comme un chien qui te lèche la jambe et comme un chat qui te frotte le pied.

Tellement es-tu romantique que tu craques. Tu verses une larme dans un verre à coke dont tu préfères sentir l’année d’âge plutôt que de l’avaler. Et tu transpires du haut vers le bas. Et tu coules du haut dans le bas. C’est l’eau du chagrin.

Elle est en promo à Lourdes. Bernadette t’en offre gratos si tu achètes la gourde qui va avec. Pour l’ouvrir, tu fais appel à Handicap International qui t’expliquera depuis son call center situé dans un pays bombardé, qu’il te faut télécharger la goupille depuis le serveur Glougle (un euro cinquante le message envoyé et reçu, même si tu ne le reçois pas). Et voilà que tu pleures de désespoir…

Tu jettes les dés, et c’est l’espoir qui coule à flot. Dieu sait s’il y aura assez d’eau pour supporter ton radeau en surface.

Patrick©Benoit

L’Espoir - #14

L’Espoir

#14

 

« Après la pluie, le soleil », dictons-nous. Après le soleil, la lune. Et après la lune, le clair. En fait, tout ça n’est pas très clair, mais plutôt obscur. Pas plus tôt, mais plus tard. Transformé en formule mathématique, car tu le sais, tout n’est qu’une question de calcul, cela donne : plus petit que 1, en grandissant devient 2, mais 2 s’annule devant 3, car exposé à 2, il égale l’infini. La démonstration se trouve sur votre tablette, menu de droite en haut à gauche, intitulé « résolution ». Celle que tu prendras quand Microsoft t’acceptera comme ami sur Teams, te fera un schéma sur Power Point et t’enverra un mot de remerciement sur Word.

T’inquiète, si tu n’as pas suivi, un tableau récapitulatif se trouve dans Excel, car tu es l’excellence. Là, tu respires car il y a de l’espoir que le cheveu que tu as coupé en quatre pour trouver la solution, tu puisses le retrouver en entier dans un tuyau de tes canalisations. Du coup, si tu arrives à les déboucher, ton cheveu sera sauvé et tes larmes de joie pourront s’écouler sans boucher l’évier.

Content ? Je te l’avais dit : « Quand il y a de l’espoir, il y a de la vie ». Alors, plutôt que de faire le poireau devant n’importe quelle grue, passe à l’action tomates, deux plus une gratuite. On te palpe la grappe, tu rougis comme le poivron à côté de ta caisse toute pourrie. Vert de peur ? Jamais, car tu mûris.

Te voilà sur le gril et inutile de lanterner. Car la date limite de consommation passe plus vite qu’une étoile filante. Sur les charbons ardents, tu caresses l’espoir d’être croquée avec délectation. Ton jus rafraîchira la bouche assoiffée du goût subtil, entre chien et chat, que seul le coucher de soleil peut diffuser dans l’obscurité naissante.

Surtout ne te laisse pas aller en compote. Sois ferme avec toi-même. Ose revendiquer le titre de « fruit défendu » pour séduire les fruits verts qui t’entourent, pour bousculer les fruits secs qui te déchirent. Inclassable, tu es le roi des fruits et légumes qu’on déguste cinq fois par jour. Ton emprise devient un empire que tu dois maîtriser.

Ne perds pas espoir, mais ne te fais pas écraser. Sinon tu finiras en salade de fruits.

Patrick©Benoit

La Salade - #15

La Salade

#15

 

Tout n’est que salade. Ses feuilles gorgées d’eau nous retracent toute la chaine alimentaire : de la terre jusqu’au compost. Son nutriscore bat tous les records. A tous ceux et celles qui cherchent à maigrir, mangez de la salade ! C’est le seul aliment qui, mastiqué, fait perdre des calories. Entendez par là qu’on consomme plus d’énergie à manger de la salade que ce qu’elle nous apporte.

C’est bien connu. Quand la nutritionniste te parle de ça, diplôme en main, tu te dis qu’elle raconte des salades. Et tu as raison… comme si on pouvait manger de l’eau. Mais elle n’a pas tort. Si tu ajoutes dans ta salade des petits cubes de fromage de chèvre, tu manges toute la chaine alimentaire en une fois. La chèvre ayant mangé de la salade, inévitablement dans son fromage, tu retrouves de la salade. Et quand, depuis ta toilette sèche, tu compostes, tu redonnes de l’engrais pour faire pousser des salades.

Si tu n’as pas encore compris que la salade est ton avenir et celui de la planète, je t’invite à aller chercher un tutorial sur le web. Tu en trouveras pléthore : celui des écolos, celui des végés et celui des anorexiques. Fais ton choix entre toutes ces salades.

Si tu choisis la salade aux lardons, c’est compris. Tu n’en veux plus de tes mouflets que Blabla appelle : « Bonjour les lardons ». Donc tu as décidé de les manger pour mieux les digérer. Attention au compost qui pourrait favoriser des salades incestueuses. C’est rare, mais faut prévoir, car après tu risques de les manger.

Non, tu n’es pas un ogre, mais tu n’es pas loin. Regarde la tomate à côté de toi, n’est-elle pas poirote ? Et arrête ton air de limace, tu baves comme un chat sans croquettes parce qu’un hérisson les lui a piquées. Il faut te ressaisir et lever la queue pour marquer ton territoire !

Tu sens le sens que je donne à tes sens ? C’est essentiel si tu veux survivre aux salades qu’on te sème à tout vent. Un conseil, si tu aimes à tout vent, prends celui du sud ; il est plus chaud. Maintenant, si tu prends celui du nord, il est plus piquant. A toi de choisir entre l’est et l’ouest.

Patrick©Benoit

Les Crevettes - #16

Les Crevettes

#16

 

Pour faire monter ta salade, tu as choisi des crevettes, car le thon manque de ton qu’il arrête parfois dans la gorge. Du coup, ta pomme d’Adam en prendrait plein l’estomac que tu prends soin à muscler, de temps en temps, quand tu roules par terre sur ton tapis.

Un choix s’impose : crevettes grises, crevettes rose ou les grosses, appelées gambas car elles sont plus faciles à éplucher et à écarter entre les doigts. Si les grises sont plus chères, c’est parce que tu en as pour une vie à les décortiquer ? C’est donc un investissement à long terme avec un retour assuré si tu as encore faim.

Tu hésites avec les roses. Plus grosses et plus charnues, elles te tentent car elles passent plus vite à la casserole. Elles s’ouvrent comme des lèvres sans écailles pour se déposer dans ton assiette au nombre de quatre ou six. Toujours par paire, par soucis de te satisfaire. Et dire qu’il y en a des millions, pas sur terre, mais dans les mers. A toi d’en négocier cinq au prix de quatre plus une gratuite, ou de six moins une gratuite, et là tu retombes dans la promo de quatre plus une gratuite. Si tu comptes bien, tu en as six pour le prix de quatre. Gagné, sauf qu’elles sont rose et qu’elles deviendront vite grises en plus grosses.

Finalement les gambas, tu prends. Inévitablement surgelées car elles viennent des mers chaudes en passant par la Thaïlande et les pays de l’Est. Elles te séduisent par leur silhouette charnue qui, pour être mangées, ne demandent qu’à être tenues par la queue. C’est simple, direct, et tu en as pour ton argent, si et seulement si tu as négocié la promo de la crevette rose qe tu as écartée d’un coup de bras désinvolte : « Va te faire voir ches Grecs, j’irai manger tes crevettes ! »

Imagine le tableau sur les étals du marché… Si tu ne vois pas, demande à Asterix qui connaît bien Oldrafabétix, qui pourra te conseiller en produits pas frais de la mer. Avec un peu de vent, tu mettras les voiles avant la tempête qui se lève dans ton assiette profonde.

Bonne dégustation.
Et avec ça, vous boirez quelque chose ?

Patrick©Benoit

A Boire - #17

A Boire
#17

 

Il fait soif… il fait quoi ? Chaud ou froid ? Il fait soif ne veut rien dire, mais si tu le dis, c’est que tu as soif. Voici la carte des vins et des apéritifs. Si tu veux des softs, regarde au verso de la carte des plats et menus.

Boulettes à la bière ou moules au vin blanc ? Escargot de Bourgogne ou scampis au Xérès ? Spaghettis al dente ou pâte à l’eau ? Avec ou sans glugluten ? Végé avec une préférence pour les légumes rouges ou verts ?

Quand on a soif, on oublie tout : sa bouteille recyclable, sa gourde réutilisable, son décapsuleur de canette, et même sa paille abandonnée la veille lors d’une soirée arrosée et qui a débordée sur la table. Même que l’hôtesse a fait les poussières avant de passer le chiffon.

D’un air sec (je comprends, tu as soif), tu demandes s’il est possible de couper la carte des boissons en quatre. Tu aimerais dans un verre à cocktail (tu précises), 1/3 de Spa Reine (elle est en face de toi, et tu dois faire bonne impression), 1/3 d’Hépar pour sa richesse en minéraux et 1/3 de Badois pour la digestion. Tu précises que tu acceptes de payer un supplément pour une larme de Four Roses, car les fleurs sont périssables. Juste un mot de côté : Brel, tu nous a fait vibrer avec ta voix, mais pas avec tes bonbons. Elles ne les sucent pas ; elles préfèrent les fleurs qu’il faut arroser.

De l’eau, du vin et du pain. Le pain est un supplément, le vin au verre ou en bouteille, et l’eau du robinet ou à la carte ? Tu as le choix : pain multi céréales, utilisées aussi dans la fermentation des meilleures bières que tu côtoies, verre à eau en forme de tulipe qui attendent leur couleur rouge ou blanche, ou l’eau plate, semi pétillante, finement pétillante ou fort pétillante.

A choisir, et du coup, et après, tu n’as plus soif. Tu bois la carte et tu n’as pas envie de manger car ta langue et ta gorge s’assèchent, et ta carte bancaire est à sec.

Suggestion du jour : bière du mois à la pression. Mais voilà, les pompes sont en panne d’eau et de pression, car le gaz est interdit.

Si tu ouvres ta vie, il y a toujours de quoi boire. Santé !

Patrick©Benoit

A Sec - #18

A Sec
#18

 

T’es à sec ? Tu rigoles ou quoi ? Ma cousine, mes cousins, mes pères et mères ont tous été inondés. Tu veux de l’eau ? Tu prends tes bidons et ils te les rempliront. Non ce ne sera pas de la 95+, ni de la 98, mais de l’eau sans effet de serre. Pour ta culture de cannabis, je te conseille www.jardin/monde/extraodinaire.com. Objectif zéro déchet, plantation en biodiversité, récolte en bipolarité et consommation en bi… biberon ? En bi, mode Bambi ?

C’est simple. Tu pars du sec, comme toi le fruit sec, et tu vas vers le mouillé, le fruit vert en passe de s’épanouir. Si les semences frivolent, tu as toutes tes chances pour t’enraciner car il faut assumer.

Elle, non. Toi, oui. Je sèche… Tu m’arroses ? Non, d’accord, car tu préfères les tulipes du nord que tu adores. Elles sont moins sèches et fument dehors. Là t’es à sec entre la terre que tu vénères et les émissions à effets que tu dégages.

N’oublie pas, t’es à sec. Tu ne te mouilles pas, sauf que tu rappes ton moi difficile sans chanter ton toi presque facile. T’es là, j’suis là. On fait quoi ?

J’ai commandé online, histoire de na pas devoir se déplacer, des bouteilles vides. Pourrais-tu les remplir à ta meilleure convenance ? Dans les plus brefs délais ? Quelques clients se manifestent pour remplir leurs eaux dans leur cave, et d’autres pour vider leurs bouteilles.

Toi qui sais tout, que me conseilles-tu ? Entre le tu c’est toi, et le moi c’est je ne sais pas quoi. Dis-moi quand tu es joignable hors réseaux ? On est d’accord : ta canne à pêche ne sauvera aucun poisson. Mais ton hameçon va probablement crocheter quelques truites et langoustes.

Désespoir, les rivières sont à sec, et attentent tout débordement. Objectif : aller voir ailleurs sans retourner la terre, car elle cyclope de plus en plus, en attendant la migration des grenouilles, qui espèrent trouver refuge humide, de sec et d’eau

Demain, je m’en occupe. Sinon, ce sera après-demain.
Bon matin !

Patrick©Benoit

De l’Eau - #19

De l’Eau
#19

 

Présentée comme l’or bleue, l’eau devient aussi inaccessible que les icebergs. Effectivement, en fondant, tu n’as plus de glace, mais tu as de l’eau que tu ne sais stocker que dans tes caves. Ce qui ne t’arrange pas, surtout que ta copine ou ton copain t’a bien dit NON au retour du pantalon avec de l’eau dans les caves. T’as grandi ou quoi ?

L’eau, de l’or bleue ? Combien de Carat Pils as-tu bu pour voir l’or en bleu ? A chaque bouteille ouverte, je regarde sa couleur. Elle est aussi transparente que mon verre. Je t’assure, c’est pas comme sur les catalogues d’agences de voyages où l’eau est aussi bleue que le ciel qui la recouvre. A croire que la nature nous trompe l’œil. Bleue en photo, bleue dans la bouteille, mais transparente dans un verre (sauf si celui-ci est teinté bleu).

Maintenant, surtout aujourd’hui, il faut admettre que l’eau, c’est de l’or en bouche. Quand tu reçois ta facture, tu paies les carats. Plus elle est grosse, plus elle prend de la valeur. Comprends bien : plus tu consommes, plus tu paies. Et sois attentif, car les bulles d’air provoquées par tes jets de douche et de robinets ne sont pas déduites du volume en m3.

Une solution proposée par les cavistes est de ne plus boire d’eau pour préserver les réservoirs de la planète bleue, mais de boire du rouge, du blanc ou du rosé. Autre proposition de la part des piscinistes : installer une piscine naturelle pour limiter la consommation d’eaux de mer. Un dernier pour la route : fais de la plongée tant qu’il y a de l’eau dans les mers, pour les oxygéner avec tes bonbonnes.

Pour y voir clair, demandons conseil à un nutritionniste. Après paiement de ses honoraires, tu apprends que tu dois boire entre un et trois litres d’eau par jour. Tu fais le compte : 7 570 457 268 habitants x 2 litres (moyenne) = ma calculette ne dispose pas de suffisamment de caractères pour me donner une réponse, mais je doute que les m3 soient assez nombreux pour rafraîchir tout le monde.

Là, tu comprends pourquoi l’eau est de l’or dont le carat est inestimable. Accorde-lui ton estime, et elle te le rendra…

Patrick©Benoit

L’Or - #20

L’Or
#20

 

J’ai connu une fille qui s’appelait Laure, et elle ne valait pas un clou. Avec elle, je n’aurais jamais partagé mes bijoux de famille. Même pour tout l’or du monde, elle n’en valait pas la chandelle !

J’en connais qui coulent un bronze et d’autres qui chient des barres. Depuis ils ont été détrônés par manque de dorures dans leur langage, même si parfois, cela peut arriver, l’un d’eux décroche une médaille odoriférante que peu de public applaudira. Plutôt que de frapper dans les mains, mieux vaut les blanchir.

A l’or blanc ? Encore faut-il avoir de l’argent brillant et non oxydé, que de l’argent sale. Cela évite quelques confiscations et des mains menottées. Encore que, deux menottes enlacées, c’est un peu comme des alliances indéfectibles, unies pour la vie. Elles vont toujours de pair, comme les boucles d’oreille. Pourtant, aujourd’hui, on observe de plus en plus une seule boucle d’oreille par personne. Comme si tu n’avais pas assez d’argent pour acheter les deux… Radin ou solitaire ?

Après, si tu as trop d’argent à ne plus savoir qu’en faire, tu offres à Madame ou à Mademoiselle un solitaire. Est-ce pour éblouir la galerie, ou pour lui signifier qu’elle le reste une fois pour toute, qu’elle n’espère pas gratter le moindre centime de ton trésor. Sincèrement, c’est une belle déclaration d’amour ! Car un mariage d’intérêt n’a jamais porté ses fruits.

Avec ta barre, tu finis par accoucher d’un lingot qui, à son tour, générera des Louis. De génération en génération, cela te coûte un pont. Certains médisent : «un pont en or».

Sous le pont, soit coule l’or bleu, soit descend une rivière de diamants. Comme tu ne choisis pas, tu installes un système d’irrigation par peur d’être à sec. En fait tu ne fais que bosser en creusant des tranchées et en installant des digues pour te protéger de l’or bleu qui noie ton portefeuille dans un tourbillon de feuilles mortes.

Ton avenir est tout tracé. Et il n’est plus à la recherche du temps perdu. Dorénavant devient d’ores et déjà. Tu cherches des tamis (en seconde main de préférence) et tu deviens chercheur d’or.

Patrick©Benoit

A la Recherche - #21

A la Recherche
#21

 

C’est vrai, tout le monde cherche. On cherche une maison, une location avec ou sans piscine, de l’eau et du pétrole, ta brosse à dents ou la deuxième chaussette de la même couleur. J’en passe et des meilleurs : le papier toilette quand tu chies un bronze, le parapluie quand il se met à pleuvoir, le maillot quand tu as enfin décidé de faire du sport complet…

La liste est infinie, sauf pour ceux qui ont tout perdu. Le truc, c’est pas chercher, mais Rechercher. Cela demande de la volonté et surtout de la patience. Marcel Proust a mis seize ans pour passer de la recherche du temps perdu au temps retrouvé. En rapide, il a perdu son pucelage, sa copine, ses lettres d’amour aux jeunes filles en fleur. Aujourd’hui cela se résume à un texto : « C’est fini, A+ ». Souvent avec des fautes d’orthographe quand il y du texte. En fait, on constate que les correcteurs automatiques sur smartphone ont tendance à proposer « sexe » plutôt que « texte ».

Donc, c’est décidé mais pas résolu. Tu recherches du coup ? Ton ascendance, ta descendance, ton chemin autour du rond-point ? Je comprends que tu en as marre de ton GPS qui te dirige toujours vers les voies rapides. Or tu veux vivre lentement, mais sans te perdre. Tu n’aimes pas les premières à gauche ni à droite. Tu préfères les « faites demi-tour dès que possible ». Tu es à la recherche du temps perdu…

OK, tu finis par trouver le temps qui te convient. Tu cours trois semaines pour ta santé ; tu enjambes les embûches des circuits longs proposés ; tu trébuches sur des pavés mal lancés. Mais tu es en bonne santé.

Et quand, enfin tu es cool, tu es en recherche. De quoi ? De toi-même. Qui suis-je pour tourner des pots en céramique en rond tous les jours, pour multiplier les abdos-fessiers sans répondre au programme, pour manger et le préparer alors qu’il m’est conseillé de ne pas grignoter. En gros, même si tu es mince, tu recherches ton chakra. Quel caca !

Conseil à ne pas nécessairement suivre. Appliquez une dose de massage entre les doigts qui indiquent la voie pour se retrouver. N’hésite pas à me contacter sur… (je like, et toi, tu love ?)

Cherche âme sœur.

Patrick©Benoit

J’ai Trouvé - #22

J’ai Trouvé
#22

 

Magnifique ! Tu as trouvé quoi ? De l’argent ? De l’amour ? Du boulot ? De l’inspiration ?

Si nous passions ensemble les différentes trouvailles ?

De l’argent : par terre, donc de l’argent sale ; en black, donc de l’argent pas clair ; à la loterie, le hasard ne fait pas toujours bien les choses ; en travaillant : prépare-toi à en redonner la moitié à l’Etat. En fait tu as trouvé un fond perdu où l’argent n’a pas de valeur.

De l’amour : en boîte, donc sous l’éblouissement sonore et lumineux ; à l’école ou au boulot : ne jamais mélanger le jour et la nuit au risque d’un clair-obscur flou sans pied à terre ; sur Tinder, te voilà à nouveau géolocalisé comme avec ton téléphone, ton CST et ta voiture. En rue, dans un café, au théâtre : le bonheur d’une rencontre impromptue et non provoquée. Tu as trouvé l’attirance…

Du boulot : sur References.be, sur Daoust.intérim, sur Forem.chômage, sur CPAS.exclusion sinon rien. Te voilà en marche sur la reconstruction d’une économie vacillante. Là, c’est vrai, tu as de l’expérience en vacillement… tu reçois même une prime pour tes incompétences, malgré ton expérience. T’inquiète, tu auras toujours le droit de grève (de la faim, c’est plus fort).

De l’inspiration : laquelle ? Celle de la poésie : tu n’en connais pas une rime, mais tu slames ton innocence. Celle après la fumette : tu n’en as plus le feu. Celle d’un nouveau monde… amis tu refuses de renoncer aux acquis de l’ancien…

C’est dingue ce manque d’inspiration.

Inspire l’air du temps et expire lors de l’effort. Sans trop de CO2 car tu veux sauver la planète. Autrement dit, pas trop d’efforts pour économiser l’énergie.

Je plane, tu planes, planons ensemble. Pourvu que l’air soit sain !

Patrick©Benoit

De l’Air - #23

De l’Air
#23

 

Du temps ou conditionné. Tu fais du sport, c’est bravo. Moi j’en fais le moins possible pour ne pas priver les autres de prendre l’air. C’est fou comme il y a de plus en plus de joggeurs et de cyclistes qui courent partout, dans les aires de jeu, dans les aires boisées, dans les aires de route, sans respecter les codes aérés. Sous prétexte que c’est dans l’air du temps, et que tout le monde devrait les suivre au rythme de leur musique préférée.

Aujourd’hui, j’ai décidé de prendre l’air et me suis posé sur un banc public. Toutes les places étaient réservées : « appelle-moi au 04… (désolé, mais je ne peux dévoiler le numéro privé gravé sur le banc public suite au RGPD), « je te kiffe » (si je prends cette place, je me sens observé), « Armagulum » signé Blurp (si je m’installe, je deviens une Barba papa ?).

Vivre dehors, ça craint. Tu prends l’air, et tu prends une gifle. Tu prends le vent du nord, et tu attrapes une grippe. Tu te gares dans une aire de parking, et tu prends une griffe.

Là, tu te dis : je ne prends plus l’air, excepté si celui-ci est recyclé à haute température, celui d’un biberon dont on a pris soin d’extraire l’air pour que le petit ne fasse pas de renvois indignes de son statut d’enfant roi.

Tu manques d’air ? Sur les sites de ventes en ligne, il est aux enchères. T’es prêt à payer combien ? L’air est rare, et plus c’est rare, plus c’est cher. Es-tu cher ou rare ?

Entre les deux, il y a Nike Air, qui vend de l’air dans ses semelles. Et ça marche, tu cours, tu sautes et tu t’envoies en l’air. Et cela te donne des ailes. D’un rapace qui zone ou de la poule qui accouche de son poussin ?

L’air de rien, tu te donnes un air que tu ne respires, ni ne partages.

Asphyxié, tu aimerais prendre l’air quelques temps, du style mi-temps. Mais ta bouffée d’air t’étouffe, sauf quand tu respires. Toutes narines ouvertes, tu as le vent en poupe.

Patrick©Benoit

Le Vent - #24

Le Vent
#24

 

Tout ça c’est du vent. Courant d’air et pacotilles. Tu cours avec tes Nike up to date, je cours avec mes Nike has been. Et qui gagne ? Peut-être moi, car je suis vintage : derrière mon âge, je suis vinted, tendance… une valeur sûre, comme l’or, une valeur refuge.

Pas si sûr ni sécure. En pétant à tout vent, tu as toujours un retour de flamme (et de femme). En soi, le vent venant du sud est agréable. De l’est, il est à craindre. De l’Ouest, pluie assurée. Reste celui qui vient du ciel, là où la lune se loge, en quart, en demi ou en pleine, selon son calendrier, règles obligent.

Le vent t’emportera, nous emportera, vous emportera. Tout dépendra du sens que Madame Météo donnera au souffle de sa voie, en direction du sud vers l’ouest ou de l’est vers le nord…

Vive le vent en poupe. Tu voiles de côte en côte, de port en port, de crique en crique, jusqu’à baisser la voile. Homard tu deviens, mer te mangera. Avec un petit verre de blanc de la mer qui te goûte amer, vu que le père te renvoie à la mère.

Quand le vent soulève le sable, tu ériges un château avec des murailles de coquillages que tu crois suffisamment fortes pour contrer les méduses. Tu surfes sur la vague dont l’écume te surprend. Te voilà médusé !

Vent-tu, me voici. Je reconnais avoir usé de ton air pour respirer et courir jusqu’à toi. Merci d’être venu jusqu’à moi car j’étais à bout de souffle. Peux-tu me souffler un air de joie et d’aventure ?

D’aventure, j’ai rencontré le vent qui nous entoure. Et il m’a dit, si d’aventure, le vent est contre toi, prends cette écharpe contre le vent ; elle t’échauffera contre le temps.

Tu as chaud, tu es chaud pour aller croquer des glaçons, là où le vent glace. Ta paille en bouche, tu commandes un cocktail. Lequel ?

Patrick©Benoit

Le Cocktail - #25

Le Cocktail
#25

 

Enfin on se mélange. Les fruits verts avec les fruits secs, les bananes avec les abricots, les kiwis qui disent oui, avec les cornichons qui disent non. C’est la foire du midi et le démon de minuit. Et demain, c’est le marché…

A la carte.

Cocktail Molotov, à déguster autour d’un feu de joie pour enflammer tes boyaux avec ce liquide inflammable combinant le contenant, toi, et le contenu, toi aussi. Te voilà explosif pour faire la fête.

Le Bloody Mary, après avoir dépucelé la Vierge Marie. Bien sûr tu prends soin de déposer ta tige de céleri sur sa rondelle de citron. Si l’addition est salée, c’est que tu as mis trop de poivre. Un zeste de citron fera fondre les glaçons.

Le Mojito, après avoir noyé tes mensonges dans les feuilles de menthe. Tu récupères la rondelle de citron que tu piles consciencieusement afin de dégager ton essence à base de rhum et d’eau qui pète.

Le Caipé, dit Caïpirinha, quand tu souhaites ajouter ton grain de sel. Le citron est vert ; tu es à sec ; tu extrais du sucre de ta canne légendaire… et cachaça, tu déguste abracadabra. Si possible, évite de mélanger les bras quand tu danses !

Au soir, après la danse, au coin du feu, rien de tel qu’un Irish Coffee préparé par le fils de James, couleur café fort et sucré et dont la robe crème, en provenance directe de Chantilly, est soupoudrée de cacao. Pour des raisons de circuit court, il existe la version French Coffee (traduction en attente à l’Académie Française). James a rappelé son fils au pays, Gnac & Co assure les commandes.

Pour te secouer, n’hésite pas de demander une paille à la mafia. Le café grec tient la cuillère debout et l’expresso italien te presse à surmonter la mousse torréfiée dont le goût t’est exquis.

Passons commande : arôme, mélange, fragrance ou délit ?

Patrick©Benoit

La Santé - #26

La Santé
#26

 

Bonne année et bonne santé ! Une fois par an, c’est toujours la même exclamation. Comme si année et santé se mettent en couple, d’année en année. Comme si santé et année riment éternellement. Comme si tu devais toujours être dans le bon.

Regarde-toi dans les yeux : Pile et Face se tournent toujours le dos. Ils n’arrivent même pas à regarder dans la même direction et ne se font jamais face à face. Et pourtant ils s’aiment dos à dos.

Du souhait qui t’est adressé, tu en veux l’assurance. Comme toujours, on veut être sûr de… Et là tu contactes ton courtier pour contracter une assurance mixte « année et santé ». Tu commets déjà une infraction car la police peut te couvrir pour la santé, sans te garantir la bonne, mais la couverture n’assure pas l’année. Par contre on te propose vivement une assurance vie ou une assurance décès.

Va comprendre le principe… Cotiser pour rester en vie ? Payer pour conforter sa mort ? C’est totalement absurde, sauf que c’est déductible fiscalement. De là l’intérêt à vivre ou mourir !

Pas convaincu par les arguments commerciaux, comme si on achetait la vie ou la mort, tu te confies à une cartomancienne. Elle tire les cartes, et même si tu ne crois pas au destin, c’est la fin de ton monde.

Carte « santé » : ni bonne ni mauvaise, mais faire attention au collé’s thé rock ‘n roll pendant un an. Risque de traumatisme infantile avec l’âge.

Carte « avenir » : un certain brouillard autour de Vénus pourrait cacher des plaques de verglas en cas de températures négatives. Pour éviter les seins de glace, ne pas hésiter à réchauffer le cœur.

Evidemment, elle n’a pas tiré les cartes « amour » et « argent ».

En sortant de ton rendez-vous à cinquante balles, tu hallucines par les sorts jetés et tellement hermétiques.

Du coude, levons un verre à ta santé !

Patrick©Benoit

L’Avenir - #27

L’Avenir
#27

 

Bonne nouvelle, tu as gardé la santé. Mais l’année ? Les punks, bobos, hippies, révolutionnaires sans en avoir l’air, les taggers et autres espèces en voie d’apparition te crient « No Future ».

No, no, no, c’est pas possible. « Just do it », te répond le Président Nike. Tu le fais ou tu le fais pas ? Tu fais quoi ? Tu mets tes choses, semelles blanches, ou tu mets tes bottes en caoutchouc pour marcher dans la boue ? Et vlan, te voilà dans le pétrin. Celui qui pue le moi qui veut au nom de tous les miens. Martin Gray ou Martin Luther King ? Le roi ou le handicap ? L’avenir n’est pas une case à cocher, mais un pas à marcher ou à traverser.

Tu trépasses le passé dont tu ignores qu’il t’a fait entre tes fastes le bonheur de ton jour d’aujourd’hui. Qui es-tu pour dire qui tu es ? Je suis l’avenir car on te l’a dit. Mais regarde le passé et tu seras celui que tu as été.

Passé est dépassé et avenir aura été. Pour échapper à la conjugaison temporelle, il suffit de sortir du temps. Non pas au conditionnel, mais en mode présent. Indicatif, subjonctif ou impératif ? Le temps qui convient au futur simple car l’avenir n’est pas encore passé par où tu passes quand tu t’encrasses dans le passé qui t’enlise.

Yop, tu sors de terre d’hier et tu prends l’air de demain. Entre les deux, tu respires ? Oui, car il y a de l’avenir. Tu calcules : hier + aujourd’hui = demain sans les blasphèmes, mais avec les mêmes. Sauf que les mêmes, c’est toi aussi.

Soyons avenants avant que l’avenir nous rattrape. Je veux, tu ne peux pas. Tu veux, je ne peux pas. Tout n’est qu’une question de volonté.

On est tous volontaires pour transformer le vouloir en pouvoir.

Si toi le veux, et moi le veux.

Patrick©Benoit

La Volonté - #28

La Volonté
#28

 

On a tous eu la volonté de naître. Car sortir du ventre de sa mère par un petit trou, il faut vraiment le vouloir. Ta maman aussi voulait t’expulser pour te placer dans les bras de ton père. Bon débarras, tu prenais trop de place.

Et tu pousses des cris. Et tu repousses les bras de ton père. Et tu reviens vers les seins de ta mère, sainte gorge où tu aimes te perdre, poitrine qui te perdra plus tard quand la volonté t’aura quitté pour y abandonner ton corps.

Avoir eu la volonté, c’est être déçu. Avoir la volonté, c’est ne pas avancer. Vouloir la volonté, c’est regretter l’avoir eue. Il n’y a pas de volonté qui tienne. Car si tu y arrives, tu n’as plus besoin d’elle. Cette volonté que tu aimes tant, est volatile et frivole. Elle vient ; elle passe ; elle repart et revient. Et tu t’accroches comme la pomme sur son arbre, mais qui finit toujours par tomber. Tu tombes amoureux ; elle tombe enceinte et tu tombes par terre.

Mais tu finis toujours par te relever, car la force est avec toi ! Ton épée que tu appelles Excalibur, parfois Jedi, quelquefois Chicon, te galvanise en chevalier de la table ronde ou en templier de la nappe carrée. Te voilà pharaon pour monter les échelons de ta pyramide construite à la sueur de ton front, à la volonté d’une main de fer.

La bravoure qui t’anime en fait baver plus d’un. Rien ne te résiste, sauf le temps des cerises. Car, si tu as croqué la pomme qui était tombée et avalé les pépins en son sein, là tu serres les dents sur des noyaux que ta pomme d’Adam a du mal à avaler.

A force d’ambition, tu t’attrapes une indigestion dont les toilettes se souviennent à jamais. Ne jamais dire jamais, tel est ton adage. Mais quand ton plumage ne suffit plus à parfaire ton image, tu déconfis.

Et quand tu es en compote, que la volonté te manque… que faire ? Te défaire ou refaire ?

Patrick©Benoit

La Fête - #29

La Fête
#29

 

Faire la fête et refaire le monde. Car là tu n’es plus seul. Tu es avec d’autres qui, comme toi, ont des projets plein la tête. Tu crées des contacts ; tu tisses des liens. Et les motifs ne manquent pas pour jouer avec les couleurs. L’envergure de tes bras te donnent des ailes que tous les tissus du monde t’envient.

Quelle que soit leur lé, ils t’habillent de soie, te nappent de coton et te couche dans le lin. Quel plaisir de dérouler le plaisir entre hommes et femmes de goût. Et quand tu files la laine, tu te prends pour un mercenaire de la créativité à tout vent. Chaque jour est une nouvelle année qui commence.

Mais tu reviens sur terre, on te demande des comptes et les machines s’emballent. Ton temps de vol ? Ta consommation ? Ta vitesse de décollage et d’atterrissage ? Ton nombre de sièges occupés ? L’usure de tes rouleaux ? L’horaire de tes prestations ? Et là, le pilote que tu es, perd sa maîtrise.

Les PC, qui font de toi un numéro, te poussent à te mettre en pilote automatique. Avec le plan de pilotage imposé, tu oublies les relations humaines dont le drapé te faisait voler plus haut. Tout compte fait, tout devient carré. Tu déchantes ; c’est une fête de trop.

Te voilà dégrisé, désenchanté, désemparé, désengagé. Mais si les câbles font de nœuds, tu renoues des liens sur le fil. Car tu tiens à la fête du travail et au santé de fin d’année. La chaleur humaine vaut bien plus que le réchauffement climatique. Aux bottes des inondations et au bonnet de laine pour te protéger des flocons, tu préfères les mitaines où le bout des doigts peuvent se toucher pour créer des contacts, que les robots aux mains d’argent ne pourront jamais charger d’or dans tes mains.

L’an neuf est un œuf que la poule aux œufs d’or ne pourra féconder avec un coq sur son fumier, mais bien avec un coquelet qui sait chanter pour séduire, parler pour charmer.

Toujours cette même question : c’est la poule qui fait l’œuf ou l’œuf qui fait la poule ? C’est l’homme qui fait la machine ou la machine qui fait l’homme ? Que le meilleur vœu gagne !

Patrick©Benoit

 

Les Lendemains - #30

Les Lendemains
#30

 

Pas de lendemain sans la veille. Pas de « No Future » sans le passé. Pourquoi les lendemains de fête ressemblent souvent à des défaites ? Car c’était mieux avant, comme si tu sais déjà de quoi sera fait demain… L’avenir n’appartient pas aux nostalgiques. Gardons les bons souvenirs pour passer de bonnes nuits.

Quand tu dors, tu fais du sur place, sauf si la nuit te porte conseil. Maintenant si tu dors le jours, c’est que la nuit ne fut pas bonne. Reste la pause de midi où tu poses comme une étoile de minuit. Pour toi, les décalages horaires n’existent pas. Ils ont été inventés pour promouvoir les fabricants de réveils. D’ailleurs je crois savoir qu’on paie des écotaxes pour toutes les heures consommées avec pile électrique.

Hier étant passé, aujourd’hui se passe sans lendemain. Chaque minute tombe dans le passé, car tu crois en l’avenir. L’avenir, c’est toi (avec les autres). Et les autres (sans moi), c’est l’enfer. Pourquoi les as-tu rencontrés si tu veux les enterrer ?

Chrysanthèmes, je vous aime. Qui sont-elles celles que tu aimes sans lendemain ? Elles chantent fablerie et minauderie pour te chavirer comme un lorelei. Fleuve qui coule n’amasse pas mousse, mais consolide les berges de demain.

Hier comme aujourd’hui ne sera jamais comme demain. Mais un demain comme hier, le jour de la fête, ce serait top chrono contre le temps qui passe et nous trépasse. Et si on passait son temps à attendre le temps qui avance sans nous avertir ? Et si on se donnait la main pour marcher en cordée, vers un sommet donné, situé sur un calendrier lunaire.

C’est gagné ; on plante le drapeau de la victoire sur le temps. Sur les marches du podium, il y a aujourd’hui en or, demain en argent et hier en bronze. Quelle sera l’hymne internationale et les couleurs des drapeaux à hisser ?

Hô.

Patrick©Benoit

Je Veille - #31

Je Veille
#31

 

Je veille, tu veilles, nous veillons. Depuis la nuit des temps, on veille sur tout et n’importe quoi.

Déjà depuis l’an zéro, tu organises la veillée de Noël pour attendre des cadeaux de Laponie, apportés par un Père jamais canonisé. C’est vrai non, il n’y a pas de Saint Noël. En plus le transport se fait sur un traineau ; mais comme il n’y a pas de neige, il glisse sur les nuages. L’aviation est née, les retards et les grèves des bagagistes aussi. Ceci expliquerait que certains enfants ne reçoivent jamais leurs cadeaux.

Le petit Jésus, lui par contre, à peine enfanté par une vierge Marie (d’où l’expression grivoise « Marie couche-toi là ») reçoit tout de suite de l’or, de la myrrhe et de l’encens. A mon avis, la mère devait s’appeler Marie-Noël. Personne ne nous raconte si, après l’accouchement, elle était toujours vierge.

A ma naissance, seuls ma mère et mon père ont veillé sur moi jusqu’à la fin de leurs jours. Et comme je suis né en mars, ils m’ont appelé Patrick en mémoire du grand Saint. A défaut de lingots d’or, j’ai reçu une gourmette. Mais au moins, je suis sous la protection de la Guinness qui favorise la montée de lait. A déguster avec modération.

Et toi, le scout toujours, combien de fois n’as-tu pas veiller autour du feu pour le maintenir en flamme ? Et chanter à tue-tête pour éloigner les ours, les serpents et les sangliers ? Alors que tu vidais seulement des casiers de bières avant de tomber dans la feuillée…

Aujourd’hui c’est différent. Fini la bravoure et les croisades. On veille au grain, à son confort, à son argent. A son physique aussi, par bienveillance avec soi-même.

Les lendemains de veilles ne se ressemblent plus. Plus tu veilles, moins tu dors et plus tu bois. Vivement demain qu’on oublie tout ça pour aller voir ailleurs et plus loin que l’instant présent.

Rien ne sert de courir, il faut savoir partir à temps.

Patrick©Benoit

 

Les Résolutions - #32

Les Résolutions
#32

 

Résoudre un problème pour arriver à une solution probante nous est enseigné depuis la plus tendre enfance, depuis l’âge de la raison jusqu’à l’âge de la pension. A partir de ce temps-là, la raison a toujours tort. C’est comme ça depuis l’âge de pierre jusqu’à l’âge de cendre.

Mais tu as le feu. Cela brûle entre tes mains ; ton cerveau est en ébullition ; ton bas-ventre est tout excité. Cette fois, c’est bon ! Tu as pris une bonne décision, une fois pour toute, de respecter une résolution. Une et une seule, pas deux !

Laquelle ? Tu es face à un choix multiple comme tu en as tellement connu pendant ton cursus scolaire. Plus un si tu trouves la bonne solution ; moins un si tu te trompes ; et zéro si tu ne coches aucune croix.

☐ Arrêter de fumer. Je fume et j’assume.
☐ Arrêter de boire. Je bois de l’eau minéralisée et vieillie en fût de chêne.
☐ Arrêter de grignoter. Je soutiens les artisans culinaires et locaux.
☐ Arrêter de râler. Je m’exprime selon la liberté de parole.
☐ Arrêter de crier. J’entretiens mes cordes vocales.
☐ Arrêter de vieillir. Je me bats contre le temps.
☐ Faire du sport. J’ai recommencé hier.

Si tu coches tout, ton score est de sept sur sept. Si tu ne coches rien, tu obtiens un zéro pointé. Et si tu grises certaines cases, tu tiendras parole, sinon tu la perds.

Ne dis pas que tu veux arrêter de vieillir, car tu n’as pas le temps. En somme, cocher une case « Arrêter », c’est refuser d’avancer, et cocher une case « Faire », c’est accepter une résolution que tu n’as pas tenue l’année précédente.

Tout n’est qu’un éternel recommencement. Et te voilà présent pour l’éternité !

Patrick©Benoit

Le Problème - #33

Le Problème
#33

 

J’ai gratté le dessous des cartes, et il n’y a pas de solution. Mais comme dit le sophisme : s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. Car à tout problème, il y a toujours une solution.

En quittant X pour atteindre Y, sachant qu’entre X1 et Y2, il y a des travaux de rénovation, un radar en panne et des dégoûts bouchés, quel est le temps de votre parcours en partant un dimanche de congé à12h17 et que les transports en commun font trêve pour éviter toute perturbation ?

Plus tu es long à répondre, plus tu seras en retard à ton rendez-vous galant, ce qui manquerait de galanterie, alors que tu veux épater la galerie. Solution : choisir l’itinéraire bis, par les chemins de campagne qui te rappellent l’école buissonnière. Et là tu te plantes, car les nids de poules ont sorti leurs dents. Fatigué et pneus crevés, tu fais appel à l’assistance. « Restez en ligne s’il-vous-plaît, nous nous occupons de vous dans un instant. » Mais il n’y a pas de réseau…

Panne sèche et inspiration manquante, tu cherches une solution. Tilt et horreurK, tu appelles le numéro gratuit du harcèlement routier : le 0800 N4 E411/N25 E42, sortie 9bis. « Tapez le carré pour terminer si vous tournez en rond. »

Un peu de violence ne fait de mal à personne. Tu frappes ton volant, coup de pieds sur le pneu, cri de mouette à travers le parebrise et gros mots dans le rétroviseur. Quel soulagement, mais cela te pompe. Tu décompresses ; tu te dégonfles. Le zizi à l’air, tu évacues ton adrénaline et tu regardes le temps qui passe sur le réseau. Et tu fluidifies les nuages sombres qui bouchonnent à l’horizon.

Quand enfin une dépanneuse éclaire ton problème, tu trouves la solution : annuler ton rendez-vous et le reporter à une meilleure convenance. En espérant que les connexions ne se soient pas grippées. Sans quoi l’assistance juridique désignera un avocat pour plaider ton courage de ne jamais désespérer, en toute circonstance !

Pour ta défense, tu es atténuant.

Patrick©Benoit

Le Bon Plan - #34

Le Bon Plan
#34

 

Assis devant une table d’architecte, tu traces des lignes droites et parallèles pour assurer ton isolation. Isolé, tu traces des courbes pour espérer que les parallèles à l’infini finissent par se rejoindre et se fixent un rendez-vous. La table, même grande, étant trop courte, tu fais appel à un géomètre-expert pour qu’il place des limites judiciaires à tes projets de grandeur.

Après avoir clôturé ton jeu des « Mille Bornes », tu poses les bases sur ton terrain d’entente. Les bornes sont placées ; les jeux sont faits. Te voilà cadré dans une forme géométrique dont les côtés sont droits et se rejoignent pour former un angle aigu. Pour élargir ton terrain de jeu, tu optes pour des angles obtus pour garder ton esprit ouvert. Et le cercle vicieux t’enlace de sa circonférence.

Et là, au centre de ton bornage, tu constates qu’il existe une multitude de bons plans.
Il y a le bon plan d’investissement, le bon plan professionnel, le bon plan vacances, le bon plan sorties, le bon plan soldes, le bon plan cul… et j’en passe. Tu trouveras une liste non exhaustive sur le web et les réseaux sociaux. A toi de faire le tri. Et si tu préfères le bricolage aux clefs sur porte, adresse-toi à Brico Plan it. Contre monnaie, tous les outils seront mis à ta disposition.

Maintenant que tu n’es plus unique dans ton plan en tête, tu procèdes par élimination pour éviter les mauvais plans. Tu évites les embûches ; tu contournes les crevasses ; tu défies les accidents de parcours.

Tu as LE BON PLAN : le plan B. Pour tes rendez-vous, tu ne suis plus le GPS. Pour le boulot, tu grattes le patron et le syndicat pour t’installer dans l’indépendance. Pour l’argent, tu appelles Stop Card. Pour les vacances tu squattes les campings sauvages. Pour les sorties, tu rentres. Et pour le cul, tu plaques Tinder pour adopter une meilleure hygiène de vie.

Quand tu as soldé tous tes comptes avec tout le monde, tu t’étonnes et t’émerveilles de découvrir le plan du bonheur, celui qui est dans les prés.

Ici présent, tu es ailleurs.

Patrick©Benoit

C'est l'ABC - #35

C’est l’ABC
#35

 

Le plan A, il est militaire. Si tu respectes les règles à la lettre, pas besoin de connaître l’alphabet jusqu’à Z, puisque tu n’auras pas la parole sauf si tu passes en conseil. Et là on te dira qu’un ordre, c’est un ordre ! Rompez (qui signifie : rampez) ! Quand tu y réfléchis, tout ce qui commence par A est loin d’être un bon début. Les AA que tu évites, le lait AA totalement aseptisé, l’andouillette triple A qui te remonte l’estomac, le tarif A le plus cher. Depuis tu aspires au HA !

Le plan B, c’est du bricolage. Dès fois que ça foire, tu as tout prévu… enfin presque. Devant le juge, tu as pris un avocat pour éviter de t’exprimer toi-même. Si le bar d’en bas est fermé, tu connais un night shop pas loin. En manque de lait de croissance, tu invoques ta nounou qui n’a cessé de boire de la Guinness sur les conseils de son médecin. Et plutôt que de faire l’andouille, tu passes par le drive-in du King Hamburger. C’est cheese, même chill. Et ta vie devient une série B.

Le plan C, c’est comme le plan Q que tu montes tous les week-ends sans jamais y arriver. Normal car entre C et Q, il y a treize lettres dont tu ignores l’usage. Arrête de faire l’analphabète. Treize, c’est ta chance, surtout si on est un vendredi : la loterie en fait la pub ! Reste à y croire.

Tu croises les doigts pour en faire des X ou des Y. Quel bonheur : après l’amour, un enfant t’attend au tournant. Tu cours, tu roules vite jusqu’à la crèche avec un C. Tu te souviens du plan C et aspires au plan B pour arranger tant bien que mal les lettres du mal. Après coup, tu rêves du plan A, là où tout est réglé comme du papier à lettres qui se succèdent au rythme des pas cadencés un deux.

Avant de faire le yoyo entre A et C, n’oublie pas qu’il existe la valse à trois temps, celle qui te fait tourner la tête tant que tu peux dire non au tricotage des ouï-dire. N’hésite pas à lâcher ton crochet gauche pour affirmer ta volonté de lire entre les lettres. Entre les lignes, il y a toi, les autres et les fautes.

Mets-toi en majuscule pour élever les minuscules en M.
Fais le choix : M comme « aime » ou M comme « Merde ».

Patrick©Benoit

 

Zut - #36

Zut
#36

 

Chut, zut, c’est raté ! Chuuut, zuuut, c’est rhâa lovely selon Gotlib. Oh my God… euh… michet.

Petit lexique des injures pour ceux qui n’en connaissent pas assez.

Selon le Capitaine Haddock.
Mille millions de mille sabords (sponsorisée par la loterie nationale), Bachi-bouzouk (soutenue par Tintin en Afrique), Ectoplasme à roulettes (revendiquée par les deux roues), Bougre d’extrait de cornichon (reprise en campagne par les écologistes), Jus de poubelle (elle est pas belle la vie ?).

Selon vous et moi.
« Putain » devient Petit Lutin (régression du réalisme au romantisme).
« Nondesdjieu » se dit non d’une pipe (procès en cours avec les Pipes d’Ardennes).
« Ta gueule !» prend la langue de bois pour ne rien dire.
« Pétasse » se lit bécasse au repas des chasseurs.
« Je m’en bas les couilles » se traduit par « Je m’en bas les ovaires », parité oblige.

Te voilà instruit, mais il est temps de dépasser les maîtres en la matière. L’Académie Française, Larousse et le Grand Robert lance en ce jour un concours des belles injures avec définition. Les gagnants, soit toi, lui et elle aussi, bénéficieront d’un référencement sur les marque-pages et d’un bon de réduction de parole à vie sur toutes les prochaines éditions.

« Va te faire foutre », cries-tu à tu. Merci de bien vouloir accepter les cookies pour mettre à jour et améliorer la langue qui nous sert à communiquer. Si tu souhaites personnaliser ton langage, accepte de cliquer sur « commande shift Z », afin de désactiver la touche « alt ».

Prêt pour un monde sans paroles ? Prévert l’a mis en vers.

Et zut devient flûte.

Patrick©Benoit

Flûte - #37

Flûte
#37

 

Tu manques de souffle. On t’a fait souffler dans l’alcotest, dans les ballons d’une fancy-fair, dans un tuyau d’arrosage bouché, dans un préservatif collant, dans une durite pleine d’huile, dans l’oreille d’un sourd, lors d’une représentation théâtrale et lors de ta dernière interrogation scolaire. Pas étonnant que ta respiration en prenne un coup : respire !

Prendre l’air devient ta priorité pour évacuer le Co2 qui te prend la tête, tout en mesurant ton impact sur la planète. Et là, tu es essoufflé de ne plus pouvoir respirer à ton rythme.

Pour retrouver ton souffle, suite aux conseils donnés par un souffleur de verre, tu as deux solutions : faire de la salle en exercices cardio ou tenter l’apnée pour moins consommer et planter du corail pendant tes vacances.

A la salle, tu souffles comme une cheminée qui dégage ses calories. Tu consommes tes graisses que ton estomac n’arrive plus à digérer. Soit… ton cœur balance avec élégance.

A la piscine, rempli d’air, tu flottes. Zut… tu manques d’air et tu pompes l’oxygène d’une bonbonne d’air pour t’envoyer en l’air sous l’eau. Te voilà nénuphar dont la fleur prend l’air à l’eau et étouffe l’eau de l’air. Devenu algue sur ta peau, tu quittes l’eau pour reprendre pied sur terre pour étendre tes filaments à la cadence d’un filet de pêche qui retire l’oxygène de l’eau à tous les poissons.

Sans en avoir l’air, tout a l’air bien. Les bulles remontent à la surface ; ton nez sort de l’eau ; il n’y a plus d’eau dans les caves. Même Jésus, roi de la marée, marche sur l’eau (uniquement en marée basse).

Après l’effort, le réconfort. Tu prends tes bulles, tes cliques et clapettes, pour reprendre ton souffle sur la plage de sable finement taillé, et tu fais la flûte avec un morceau de bambou qui te donne suffisamment de souffle pour prendre pieds.

Santé à tout vent pour cette tempête dans un verre d’eau.

Patrick©Benoit

La Tempête - #38

La Tempête
#38

 

Tout le monde se précipite dans le vent. Toi aussi, qui vient dans le vent. Car tu es à la page avec tes baskets Nike qui te donne de l’air, Adidas et ses autoroutes à trois bandes et Puma qui va plus vite qu’un jaguar. Si par contre, tu as a chaussé tes Lacoste, tu prendras l’eau ; et si tu as opté pour le Coq Sportif, tu chanteras ton coco et rico dans la boue, au sommet de ton fumier ardant.

Après avoir essuyé différentes rafales de vents violents, tu reçois avec bienveillance les sauts d’eau et les éclairs de mère nature, que tu glorifies tout aussitôt pour l’eau et l’électricité distribuées gratuitement. Sauf qu’il y a des dégâts que tu comptes bien assurer.

Madame a perdu les eaux et a endommagé la literie prestige et le sommier premier cru. La police n’interviendra qu’en cas de récidive.
Monsieur a mis le feu aux fesses sans crier gare aux débordements. L’assurance refusera d’intervenir pour ne pas s’être comporté en « bon père de famille ». Pourtant tu n’as pas de famille…

Tu rages autant que l’orage. Tu pestes autant que la tempête, que tu essuies après avoir semé la brise Air Wick rechargeable et calmer les eaux montantes dans les WC avec les canards de ta copine.

Rien n’y fait. Tu fulmines quand tu constates que l’eau n’éteint pas le feu, et que le feu n’opère pas l’évaporation des eaux, comme on te l’a appris à l’école. « Les cahiers au feu et les profs au milieu », telle deviendra ta devise d’écolier que tu n’es plus, et de révolutionnaire que tu espères devenir.

Le ciel se déchire, la terre tremble, le soleil s’étend. Rapidement tu prends contact avec les étoiles, qui malheureusement soutiennent la manifestation de la colère divine, pourtant interdite par la communauté des météorologistes et les garnements de l’espace.

Finalement, après la tempête, tu tempères pépère.

Patrick©Benoit

Le Beau Temps - #39

Le Beau Temps
#39

 

Sur la côte nord, le vent sera sec et la pluie peu fréquentable sur la plage. Par contre, risque de soleil avec indice neuf sur l’échelle des crèmes glacées. Au centre, le vent soufflera en rafale de un à trente-huit km/heure, de quoi décoiffer les parapluies achetés sur la digue en temps de baleines échouées. Dans le sud, par contre, le soleil domine, avec des éclaircies pluvieuses attendues depuis les frontières nord/sud.

Si tu perds ta boussole, pas de stress. Tu mets dans ton sac de voyage, alors que tu ne voyages pas, maillot, t-shirt, bermuda, pantalon, pull en col V et à col roulé, gilet de sauvetage, casquette et bonnet avec oreillettes. Et n’oublie pas ta serviette quand tu seras à poils dessous. Pas question de prendre froid quand tu es dessus.

Arrive le printemps que tu confonds avec le « prime time ». C’est chaud, mais pas tout à fait. Chaud là-haut, mais froid là-bas. Or tu veux avoir chaud là-bas. C’est quoi la route qui conduit de bas en haut ?

Au prochain rond-point de la calotte solaire, prenez la première sortie. Tenez votre gauche avec sur la droite une friterie artisanale dont la spécialité maison est la sauce « Ket Up » (recherche sur Google, l’ami qui ne lâche aucun lien, me donne la recette en bruxellois = le garçon en érection).

A chacun son chemin, à chacun sa sauce. L’Andalouse aime la Mayo ; l’Américaine préfère la Piccalilli ; le Samouraï adopte volontiers l’aïoli, et les brunes, qui ne comptes pas pour des prunes, choisissent le cheddar pour lisser leurs poils en prune.

Effectivement, le temps n’est pas à l’aïoli, mais au refroidissement du temps froid. Le chaud patate arrive en courant d’air. Discrètement il ouvre les bouches d’air pour qui veut déclamer des vers.

A droite, à gauche, en haut, en bas. Et tu danses les canards qui ont froid dans la farandole.

Patrick©Benoit

La Danse - #40

La Danse
#40

 

Un pas en avant, deux pas en arrière. Quelques pas de côté et les bras olé olé. Et tu retournes t’asseoir pour faire bonne figure quand on te dit que tu danses la valse comme un requiem. Faute d’avoir le temps de compter tes temps, tu singes les rappeurs blingbling avec les doigts que tu ne sais plus où mettre, si ce n’est dans tes poches.

En fin de soirée, deux possibilités. « Tes mains me déhanchent » ou « Casse-toi tu pues, et marche à l’ombre ». Quoi qu’il en soit, c’est la « chenille qui redémarre ». De fil en aiguille, tu tisses des liens que tu aimerais défaire. Mais les nœuds sont si forts que tu fais coup double. Tango ou salsa ?

Tango (à ne pas confondre avec ta découverte de la bière juste après le biberon) qui se danse avec la fermeté d’un torero, droit, juste et sans prise de pieds. Sans quoi, t’es mort.

Salsa (à ne pas confondre avec sale ça), qui titille les corps à distance respectable. Avec beaucoup d’entraînement, tu crées le hula hoop que tu connais depuis l’école sans tenir dans le temps. Effectivement tu préférais le jeu à l’élastique qui rapproche comme des aimants.

Pas à pas, tu avances, tu marches, tu coures, tu trébuches, tu tombes, tu te relèves. Vivement la prochaine soirée qui fait boom boom à en faire trembler le plancher des vaches, évacuées pour accueillir la transhumance des festivaliers qui boivent plus que ne dansent. A quand la musique sans les figures ? A quand les figures de style sans les notes ? Ce n’est pas parce que tu trembles que tu danses. Excepté dans certaines sectes non reprises dans les charts et la programmation de la bande FM.

Une start-up développe un programme qui ferait passer la musique, non plus par les oreilles, mais par les pieds…

« Alors on danse ? »

Patrick©Benoit

Le Pied - #41

Le Pied
#41

 

Quelle pointure ? A droite, j’ai le bras long ; à gauche, j’ai le pied gauche. Tu trébuches ou tu mets un pied derrière l’autre pour avancer ? Tu chausses ton pied ou tu prends ton pied ? Question de pointure…

Tu pointes ou tu tires ? Les deux, après coup je me tire. C’est le pied, sauf que j’en perds les boules. Bonne idée : « pied de cochon, cochon de ferme, ferme ta boîte, boîte à clous, clou d’acier, assieds-toi. » La ritournelle te va si bien.

Pour lacer tes chaussures, tu optes évidemment pour le pied de biche. Encore faut-il que tu sois un cerf pour éviter les cloches. Tu enfiles tes sabots de bois : tes pieds ne transpirent plus, ils ruminent.

Oui, je suis herbivore et je souhaite butiner les fleurs qui m’entourent de leurs pistils.
Oui, je soutiens les pédicures qui rendent les doigts d’en bas plus beaux que les cils d’en haut.

Non, je ne crois pas au vernis dont l’ongle incarne l’oncle de ma tante qui me fait toujours des tartes tatin.
Non, je ne comprends pas les faux ongles pour montrer que cela en a l’air, alors que c’est pas vrai.

Comme prendre son pied, quand tout est faussement vrai ? Sauf si tous adhérons au vraiment faux !

On est d’accord : c’est dans les coulisses que ça se passe. Vite fait (peut-être un peu trop vite), je m’achète un pied à coulisse.

Tu as le plan ? Ou tu préfères le mode d’emploi du coup de pied au cul ?

Patrick©Benoit

Mode d'Emploi - #42

Mode d’Emploi
#42

 

Le mode d’emploi t’oblige à travailler selon les règles instruites pour obtenir un résultat attendu dans un temps imparti, livraison comprise. A ne pas confondre avec le mode « pause ». La pose pour un selfie est fortement déconseillée : lire la notice préambulaire.

Top chrono 24h pour démonter La Redoute et remonter les 3 Suisses au sommet de tes capacités. La formation se fait en deux temps, trois mouvements. D’abord les yeux ouverts, ensuite les yeux bandés. C’est la seule manière de monter les échelons et ne pas en prendre pour ton grade.

Gradé, tu excelles dans tous les modes utiles et inutiles. Prends la Surprise de Kinder : sans casser l’œuf, tu arrives à assembler la poule pour compléter ta ferme. Avec les Mecano tu répares les vaisseaux spatiaux. Et, avec les Mini Lego, tu fais des Duplo pour affronter les dinosaures qui t’imposent une cadence de travail digne des Temps Modernes.

Upgradé, tu prends le temps d’analyser les modèles chinois et suédois. Dans le nord, tu profites des journées courtes pour emboîter le puzzle des 1000 pièces et tu passes des nuits sans fin à rechercher les deux pièces manquantes sur les sites de brocantes.

Dans l’Empire du Milieu, tu découvres le mode d’emploi du Kamasutra. Les schémas, par manque de précisions, perdent tout leur sens. Tu ne captes pas comment cela fonctionne ; tu perds les pédales ; tu dois faire appel à l’équipe. Et tu perds des points.

Tu adoptes enfin ton bon sens pour trouver un nouveau mode de fonctionnement, que tu emploies à ravir pour séduire le machin et la machine qui t’occupent.

Te voilà en mode accéléré, puis en module lent. C’est la mode !

Patrick©Benoit

Les Coulisses - #43

Les Coulisses
#43

 

Tout dépend où tu te trouves, car c’est là que ça se passe : en bas, derrière, au sous-sol, mais jamais en haut, dans l’ascenseur ou dans les arbres. Si tu y descends, n’oublie pas ta boîte à outils.

Les coulisses du cinéma, c’est people. Tout le monde fait sembler de se connaître, se pavane d’un rôle de ci de là, de friquotter par-ci par-là, d’auditionner avec un paparazzi. Dans ce cas, n’oublies pas de balayer tes cheveux et de retrousser tes cils. T’y voilà.

Les coulisses de la musique, ce sont les backstages. Invité, tu rencontres (pas comme sur les sites), tu trinques (pas comme au restaurant), tu obtiens une dédicace et tu dégages. T’y es plus.

Dans les coulisses du sport, tu mouilles ton maillot acheté très cher pour le faire signer d’un marqueur à paillettes chapardé à ta sœur. Résultat : au premier lavage, tout s’efface et les étoiles s’envolent, avec tes espoirs.

En politique, pour y accéder, c’est simple. Tu prends d’abord à gauche, puis tu vires à droite, et tu te retrouves au centre pour trouver un arrangement en coulisse afin d’éviter les extrêmes. Tout se négocie sans discours et sans détour, sauf en cas de blocage au fond du cul de sac.

A l’école, les coulisses sont soit celles qui permettent l’échappée par les caves humides d’audace, soit celles de la salle des profs, face au bureau de la direction. Là, tu te la joues cool ; tu lisses les poils des pointeurs de bulletin, tu frottes la manche des gratteurs de discipline, tu lèches le cul des pubères scolaires.

Contrairement aux idées reçues, les coulisses ne sont pas des endroits cachés derrière, mais seulement des déviations pour éviter les travaux sur les autoroutes.

Bonne campagne !

Patrick©Benoit

Dans le Rang - #44

Dans le Rang
#44

 

Tu peux choisir entre le rang d’oignons ou le troupeau de moutons. Soit tu pleures, soit tu bêles. Ou alors tu brailles comme un aveugle car tu cherches à sortir de ton trou. A force de prendre les chemins de campagne, tu finis par te retrouver sur l’autoroute.

C’est droit ; c’est direct, avec quelques pauses à l’air de repos où tu croises l’engorgement des poubelles pas belles, des papiers mal écrits, des canettes écrasées. Tout ça manque d’énergie, et tu décides de défoncer la route d’un coup de grattoir sur le parebrise pour améliorer la visibilité de la direction à suivre.

Sorti du rang, tu te prends les ornières et les rivières qui te remettent sur le bon chemin, sans aucune déviation possible. C’est ce qu’on appelle la direction assistée, que tu as payée en option obligatoire, pour assistance à personne en danger.

Et là tu te dis, effectivement, depuis ma naissance, je suis en danger de mort. Tu as déjà pris une assurance vie, mais pas encore une assurance décès. Je suis assuré pour la vie, pourquoi m’assurer la mort ?

Sur l’échelle de mortalité, tu peux monter les échelons. Sauf que tu te casses la gueule quand tu arrives au sommet. Tu pourras toujours toucher la prime quand tu seras sous terre : les primevères, appelées vulgairement les écochèques, distribués contre remboursement par les écologistes.

Te voilà dans la bonne direction, dans le droit chemin. Et si on essayait de ne pas se perdre en route… Et si on retrouvait le sens de l’orientation, nord-sud, est-ouest. Quand tout le monde sait où tu es, toi, tu ne sais plus où t’en es.

Et si tu perdais le sens des repères ?

Patrick©Benoit

Les Repères - #45

Les Repères
#45

 

Si tu les perds, t’es paumé. Or tu n’aimes pas perdre, encore moins être paumé au milieu de nulle part. Sauf si tu as réservé un voyage dit insolite, mais super encadré par des balises où tu retrouves tes habitudes juste un peu bousculées. Mais pas trop, car tu veux garder les clefs en main. Où sont tes repères ?

Repères physiques. Suis-je bien moi, avec mes défauts et mes qualités, ma peau, mes cheveux et mon sexe ? Contrôle vite fait dans tes poches : trousseau pour rentrer, cartes pour payer, portable pour appeler et rester connecté. Heureusement tes doigts tactiles confirment le tout en moi.

Repères géographiques. Quand tu es à l’ouest pour cause d’excès hallucinogènes, tu recherches l’est, car à l’ouest, rien de nouveau. Quand tu as froid dans ta cambuse de Sibérie, tu envies le sud. On dirait que tu perds la boule depuis des millions d’années.

Repères numériques. Le Wi-Fi ne reconnaît plus ta face avant. Tu fais appel à tes copines, les Trois Grâces, la joie, le bonheur et la beauté, à qui tu as sacrifié la 3G. Obsolescence programmée, tu dois passer en 4G pour ajouter la générosité. Tu acceptes les conditions (même après lecture, tu n’as pas le choix) pour être retrouvé par le RGPD. Sans fil, tu retrouves les vertiges de la nuit en plein jour.

Après avoir perdu pied, tu retrouves l’équilibre sans fil et sans filet. Plongé dans la toile, tu tisses ton réseau et des liens que tu n’arrives plus à dénouer. Tic toc, puis-je entrer ? C’est pour améliorer votre connexion avec l’extérieur. Il suffit de vous abonner à un nombre minimum de clics, entre mille et un million, et vous recevrez une carte d’infidélité donnant droit à des « love » au lieu des « like ».

J’adore, j’adhère. Je deviens gold sans un radis. Je suis félicité sans effort. Au top du top, plus besoin de repères. Je me la pète au sommet de la pyramide. Et ça fait des bulles dans le bain.

Patrick©Benoit

Ma Bulle - #46

Ma Bulle
#46

 

Ma bulle est faite de savon écoresponsable et glisse sur la carapace de mon indifférence. De nature barbapapesque, elle change de forme selon l’humeur du jour, l’humour du moment et l’amour du soir. On l’a dit transparente, mais c’est un vrai bouclier pour qui voudrait la péter.

Une aiguille ne suffit pas. Solide comme un Durex, seul un Durandal chargé à la Duracel pourrait éventuellement percer son hymen. Car dans ma bulle, j’y suis, j’y reste. Je m’y love comme un amant sans maîtresse. Personne ne pourra m’en faire sortir, sauf sur invitation.

Dans ma bulle, parfois je deviens maboule. Là, je philosophe dans mon boudoir et j’éloge la folie. Prendre du recul, se mettre la boule à zéro, perdre pied, c’est comme léviter sans bouger. Seulement s’élever pour prendre de la hauteur et perdre de l’apesanteur. Quel bonheur !

Seul au paradis, car les autres c’est l’enfer. Du coup, enfermez-moi dans ma bulle et ne m’autorisez pas d’en sortir. Oui, je respire, j’aspire, mais je n’expire plus. Du bouche à bouche je veux, pour éclater ma bulle.

Dehors, je sors de l’écosystème : quelqu’un a marché sur ma bulle, et le savon coule et parfume. Je suis un plumenbulle. Et autant qu’emporte le vent, j’équilibre à tout vent. Plus aucune tempête ne me tient tête. J’ai les jambes en l’air, et je fabule.

Il ya quelqu’un qui m’a dit que le vent ne souffle que pour éparpiller la pluie. Alors que le vent sèche l’eau, que l’eau attise la fumée et que la fumée ne fait pas le feu, il me reste à prendre un bon bol d’air sans prendre froid hors de chez moi, ma bulle.

Patrick©Benoit

 

Frère et Sœur - #48

Frère et Sœur
#48

 

Entre frère et sœur, c’est l’amour fou, les tirs dans le dos, la haine et les bêtises. Ça joue ensemble, ça se déteste, ça pique à l’autre ce qu’il a de plus cher juste pour se venger, ça rigole et se console après les pleurs. C’est juste dingue qu’ami et ennemi puissent tant faire la guerre et la paix, partager des confidences et des cachoteries, lacher des encouragemenrts et des crocs en jambe.

En venir aux mains, c’est presque un jeu d’enfants. Juste pour blesser, saigner un peu et après, jouer au docteur. Après consultation, le diagnostic est imparable. Tu es mon frère ; tu es ma sœur, sous l’autorité des parents. Mais on ne s’est pas choisis, et on ne se choisira jamais. Car on s’aime, sans être un choix.

Pour nous concevoir et nous voir grandir, on imagine des choses : romantique avec la cygogne, agricole avec les choux. Du coup, pas de potager, pas de volière ; croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer ! Et aujourd’hui on s’étonne de s’être amusés aux jeux interdits dans le cimetière.

C’est tellement fascinant d’imaginer que le même sang coule sous nos ponts qu’on se construit ou qu’on rénove, pour se rejoindre, quel que soit le débit de la rivière. On avancera toujours ensemble, à crédit l’un de l’autre, pour constituer un capital commun, sans intérêt aucun.

Petits, on se chamaille souvent. Moyen, on travaille beaucoup. Grand, on se retrouvaille toujours. Elle est pas belle, la vie ?

Si frères et sœurs ne fonderont jamais une patrie, ils seront toujours une fratrie envers et contre tout. Ma bien chère sœur, mon bien cher frère, je vous aime, même si je ne suis pas prêtre.

 

Patrick©Benoit

Princesse Lol - #49

Princesse Lol
#49

 

Je suis née Princesse lol. Depuis, mon devoir est de trouver le Prince héritier d’une couronne pour accéder au titre de Reine. Tout un programme établi par mon coach dont l’objectif est d’atteindre mon destin.

Massage neuronale pour maintenir ma future courone, caresse abdominale pour accueillir l’épée du futur Roi, manucure pour griffer ma couleur vive et méditation pour garder la tête froide.

Depuis, j’attends mon charmant qui devrait m’embrasser pour croasser dans ses bras ou dans ses plumes ou dans ses poils. Tout dépendra de l’animal qui osera poser un baiser sur le point situé sur la tangente de l’axe X croisant l’axe Y au point 0.

C’est nul, mais où est le point G ? Entre F pour femme et H pour homme. L’intersection de deux ensemble(s) est susceptible de réunir l’alphabet et le calcul sous forme de géométrie variable. Un peu comme la météo : ciel variable avec quelques éclaircies, risque de pluie entre les berges et averses sur les hauteurs.

Du coup, la Princesse des neiges attend le Roi soleil pour réchauffer son climat protégé par le sommet des G20 dieux. Après discussions, analyses et démonstrations, les mains se sont levées pour se dénuder. Du haut de sa tour, elle attend la clef pour trouer la serrure

C’est dit, reste à faire.

Si je suis la Princesse lol, le Prince est mdr. Les bancs seront publiés uniquement à la commune, à l’égise de ceux qui croient, et sur tous les réseaux socieux et soucieux des héritiers du trône.

Je suis people, ça te dérange ? Pourquoi tu fais des photos ?

 

Patrick©Benoit

Mon Burn-out - #50

Mon Burn-out
#50

 

J’y ai travaillé assidûment, et je l’ai enfin attrapé. La floche : mon burn-out. Comment dire… Je me suis persuadé-e que je pouvais y arriver, et j’y suis arrivé-e. Le vrai spleen, le nirvana, l’état de grâce, l’orgasme.

A force de tirer sur l’alarme, j’ai ressenti la pression d’un plaisir inavouable. Il est vrai que j’ai abusé. Mes tensions musculaires ventrales se sont transformées en maux de dos. Du coup j’ai eu droit à des séances de massage, avec l’autorisation de me lover dans mon canapé autant que je veux. Le pied total !

Envie de cette expérience intérieure ? A la recherche du temps perdu (selon Proust) ou de son karma (selon Bouddha) ? Quelques conseils (selon Freud) : choisir sa période de burn-in à la naissance, de défonce à l’adolescence, d’enfance à l’âge adulte et de sagesse à tout âge. En cas d’effets secondaires, faites appel à vos amis virtuels pour recevoir des ondes positives.

Sinon un hypnothérapeute est vivement conseillé pour accoucher sans douleur de ses tensions, ses peurs et ses frayeurs. Relax, dit-il. Touche pas à mon poste…, dit-elle.

Du coup, j’ai choisi le printemps pour me déclarer en fleur de burn. Les oiseaux gazouillent ; les grenouilles croassent ; les bourgeons éclosent. Et le soleil nappe ma peau dépresive d’un miel onctueux que ma nature butine. Je vous jure, à côté de ça, le canabis, c’est vraiment beuhh.

Le burn-out, c’est comme une cure de désintox, comme le ramadan pour les musulmans ou comme le carême pour les chrétiens. Après cette période, on se sent soi, mieux, au fond. Sûr-e de l’être qui nous habite et déménage parfois ailleurs.

C’est décidé : après mon burn-out, sans tiret, je ferai mon coming out.

Patrick©Benoit